Article de G. SECKLER paru dans La Vie du Rail du 13 octobre 1957.
L’Autorail emprunté de Valence à Aubenas, pour rendre visite aux petits colons cheminots du domaine Mamaro de Saint-Privat, sillonne dans un paysage vallonné à travers le vaste verger de l’Ardèche.
Un grand bâtiment aux peintures claires est remarquablement agencé pour recevoir 260 garçons et filles de 7 à 16 ans pendant les trois mois de grandes vacances.
Grâce à l’amabilité de M. Tourette, directeur administratif et de M. Meline, directeur pédagogique, la « Vie du Rail », a eu l’occasion de partager le bonheur d’une journée au milieu des tout-petits de 4 à 6 ans des Régions Méditerranées et Sud-Est, qui, ne pouvant, en raison de leur âge, bénéficier d’une période de colonie normale ont été reçus, en juin, en placements sociaux pour permettre à leurs mamans d’effectuer une cure indispensable.
Pour la plupart de ces grands bébés, c’est le premier voyage, la première séparation de maman, la découverte de tout ce que la nature peut leur offrir. Que de questions auxquelles ces enfants demandent une réponse convaincante…
Le rôle des monitrices de tout-petits est bien différent de celui des cheftaines d’équipes de l’âge scolaire. Elles savent en quelque sorte remplacer la maman auprès de leurs « bouts de choux » et s’acquittent admirablement de leur tâche. Il ne s’agit pas pour elles simplement de les faire participer aux jeux et de les promener, mais surtout de s’occuper de leur toilette, de veiller à leur appétit, de couper leur viande à table et de leur prodiguer maintes petites attentions dont ils ont tant besoin. D’ailleurs, pour elles, c’est un plaisir de s’occuper de ces gosses, heureux au grand air et au calme dont ils manquent si souvent dans nos cités.
Beaucoup d’entre eux ne vont pas encore au jardin d’enfants et le fait de se trouver en groupe pendant un mois ne peut que faciliter par la suite le démarrage à l’école, parce que, pour eux, bien des problèmes de contact avec leurs petits camarades seront ainsi simplifiés.
Les installations intérieures du domaine Mamaro sont remarquables :
Un immense terrain de sous-bois appartenant à la propriété mène jusqu’à l’Ardèche à travers la lande sentant bon le thym et le romarin. Les promenades y sont innombrables et les petits se plaisent à l’ombre des grands peupliers où la cheftaine leur apprend les premières chansons qui, par la suite, feront tant plaisir à maman et lui apporteront, avec le sourire du bambin, la satisfaction que ce séjour lui aura été profitable.
A part le contenu de leur assiette, rien ne peut les distraire à table, même pas le gazouillis des serins, canaris et chardonnerets de la grande volière aménagée dans une embrasure de fenêtre. En excellente économe, Mme Meline veille à ce que rien ne manque aux repas et leur fait profiter largement des fruits de la saison, pêches, cerises, abricots, qui sont les richesses de la campagne ardéchoise.
Il y a aussi la jolie piscine dans son cadre de verdure et plus loin, à la clôture du vaste terrain de jeux, le petit ruisseau où les enfants aiment tant barboter quand il fait très chaud. Quel beau jeu que les balançoires ! les fillettes s’y laissent voguer comme des poupées. Plus turbulents, les garçons préfèrent l’échelle du portique ou la corde lisse.
Sous la surveillance continuelle des monitrices, ces gosses s’en donnent à cœur joie et apprennent ainsi à se dégourdir.
Il n’y a pas de doute qu’une période de 27 jours dans l’ambiance saine et gaie des « Cigales » ne donne à nos enfants les mines splendides que nous leur avons trouvées et dans leur regard le reflet des vacances heureuses à Saint-Privat.